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La vibration musculaire en pratique
Debussy - “Pour le piano” - “Toccata”
Exemples d'exercices
Dans ce chapitre:

►1. Répétitions difficiles de la MG dans la “Toccata” de Debussy
►2. Solutions pratiques et exercices
►3. Une erreur de texte peu connue (mesure 173)
►4. Comparaison des 20 enregistrements de cet extrait (mesures 170-190)
 ATTENTION! 
Le texte ci-dessous comporte plusieurs liens dirigeant vers des informations supplémentaires.
Certains parmi eux (marqués comme ceci ou comme cela) ouvrent de nouvelles fenêtres. Pour une meilleure compréhension du texte, je vous recommande de ne pas ouvrir ces liens
lors de la première lecture, mais d’y revenir après avoir lu le chapitre entier,
si vous souhaitez acquérir une connaissance plus complète.
 Exceptionnellement ici
pour mieux comprendre cette page, je vous conseille de lire d'abord le chapitre 8.
*     *     *

Il arrive fréquemment qu'un élève écoute son enseignant, lise une instruction ou regarde des images et qu'il joue, malgré tout, “à sa manière”. Ce n'est évidemment pas de la mauvaise volonté - il ne sait tout simplement pas maîtriser les mouvements de ses mains et de son corps.

Vous trouverez ci-dessous une solution très détaillée à un problème technique difficile. Pour en profiter au mieux, vous devez sans cesse vérifier si vous respectez les consignes au pied de la lettre.

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1. Répétitions difficiles de la MG dans la “Toccata” de Debussy

1.1La “Toccata” issue de “Pour le piano” de Debussy compte 266 mesures. Dans la mesure 175, le compositeur introduit un nouveau motif caractéristique (cliquez sur la partition ci-contre pour afficher les mes. 169-192), dont on remarque l'importance, car il est répété 10 fois, dont 4 dans la coda. Dans les 6 premières reprises, les répétitions à la MG qui ouvrent ce motif posent une telle difficulté technique qu'à vrai dire aucun des 19 enregistrements présentés ici (à part le mien) n'est sans défauts - soit le rythme est instable, soit les répétitions ne sont pas jouées assez précisément, soit ces deux erreurs apparaissent en même temps. Au vu du nombre d'enregistrements professionnels peu réussis (dans cet extrait), il n'y a pas beaucoup de jeunes pianistes capables de gérer le problème des répétitions. J'espère que mes conseils et mes exercices mis à votre disposition ci-dessous pourront servir d'inspiration.

1.2L'erreur principale commise dans cette œuvre (et source d'autres) est la vitesse trop importante. Le compositeur donne l'indication “vif”. Il ne s'agit donc pas de presto, ni encore moins de prestissimo, c'est pourquoi il n'y a aucune raison de “courir comme un chien dans un pré” (expression préférée d'un pianiste âgé). Une œuvre jouée trop rapidement cesse d'être esthétique. Même si les parties plus faciles de celle-ci sont exécutées plus brillamment (et plutôt dans le sens péjoratif du terme) cela se fait au détriment de fragments plus difficiles, dont le rythme devient déformé.

Même jouées à un tempo correct, modérément rapide, il arrive que les mesures 175, 177 et semblables soient difficiles et insidieuses, car il n'est pas facile d'obtenir à chaque fois le même résultat et, au delà d'une certaine vitesse, il devient physiquement impossible de les jouer correctement, même pour les virtuoses les plus capables techniquement parlant. De plus, j'ai remarqué dans une trentaine d'enregistrements que j'ai écoutés des variations importantes de tempo entre les parties extrêmes de la „Toccata” et celle du milieu, dont fait partie l'extrait avec les répétitions commenté ici. Paradoxalement, malgré une réduction globale du tempo dans la partie médiane, les répétitions elles-mêmes sont fréquemment “arrachées”, c'est-à-dire jouées ponctuellement trop rapidement.

Le professeur Woytowicz (cf. le chapitre Comment travailler les Études de Chopin?) s'en tenait à la règle ancienne et saine selon laquelle le tempo devait rester inchangé durant toute la durée de l'œuvre et qu'il devait être adapté à la partie la plus difficile de celle-ci. Même si l'on adopte une interprétation spéciale qui consiste à ralentir dans la partie médiane de cette Toccata (ce qui est en opposition aussi bien avec le caractère d'une toccata qu'avec le texte du compositeur), il y a néanmoins des limites à ces libertés. Un ralentissement ou une accélération ponctuelle des fragments les plus difficiles n'est pas de très bon goût et témoigne d'un manque de maîtrise technique du pianiste. Pour plus d'informations relatives au tempo veuillez vous référer au point 4 ci-dessous.

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2. Solutions pratiques et exercices
2.1Dans ce point, je donnerai quelques conseils et des exercices liés à l'interprétation de cet extrait-là. Il est possible de les modifier librement en fonction des besoins - je vous invite à étudier les détails.Ce qui est le plus important c'est l'anticipation:
"Tout repose sur la préparation" [de la position de la main sur le clavier].
Cette opinion d'Ignaz Friedman était citée avec révérence par son assistante de longue date, Janina Illasiewicz-Stojałowska, la première enseignante d'Adam Harasiewicz.
2.2 - Définition des problèmes
Dans le fragment le plus difficile, c'est à dire dans les mesures 175-188 (afficher la partition) la MG se voit attribuer six répétitions à deux notes, ainsi que deux sauts rapides de trois octaves. La mesure 175 contient l'accumulation la plus risquée de difficultés, car la répétition des trois tierces suit directement un saut de près de 3 octaves, le tout en pianissimo. Pour jouer cette mesure, il faut faire appel d'une manière idéalement coordonnée aux éléments techniques décrits ci-dessous.
2.3

La vidéo visible ci-dessus contient une esquisse de l'extrait en question (mes. 167-190), ainsi que des exemples d'exercices prouvant qu'il est possible de jouer précisément toutes les répétitions avec une certaine élégance et sans changer de tempo.

Mon tempo moyen dans les mesures 170-190 est de =140 et le tempo des 19 autres interprétations dont je parle dans le point 4 varie entre =135 et 173. Lorsque je parle d'«élégance», j'ai en tête l'idée de faire fondre le plus naturellement possible les double-croches de la main gauche dans l'intégralité de la phrase. Pour que leur rythme paraisse naturel et "élégant" à l'auditeur, ces double-croches ne peuvent être jouées métronomiquement, mais devraient être légèrement serrées, c'est-à-dire jouées avec un léger retard par rapport à la seconde croche de la mesure. Un confinement similaire des double-croches se trouve dans l'accompagnement des polonaises de Chopin - ex: op. 22 en mi bémol majeur, op. 26 n° 1 en do dièse mineur, op. 44 en fa dièse mineur. Un tel rythme naturel ne peut être obtenu qu'avec un mouvement projectif naturel.

2.4 - Les répétitions
Nous commençons toujours notre travail à l'endroit le plus difficile, c'est-à-dire en partant de la répétition de la MG dans ce cas précis (mesures 175, 177, 182, 184, 186 et 188). Avant de continuer la lecture, veuillez lire (de préférence en entier) les chapitres 6 et 8 ou, au moins, les points 6.2 et 8.4.1.
N.B. Cela a l'air compliqué dans le texte, car le mouvement de répétition est effectivement assez complexe. Néanmoins, l'exécution est beaucoup plus simple que la description qui ne peut omettre le moindre détail. Dans la deuxième partie de la vidéo, j'ai enregistré des exercices qui montrent toute la procédure décrite ci-dessous.
2.4.1 - Préparatifs préliminaires
a)La main gauche (proprement dite) doit être serrée, le pouce fixé et légèrement plié pour ne pas augmenter l'inertie de la main, le métacarpe assez aplati et tendu (serré).
b)Pour jouer des octaves, Neuhaus conseille de former un “demi-cercle puissant” entre les extrémités du pouce et du cinquième doigt. La même règle est en vigueur également ici, cependant, étant donné la nécessité d'utiliser le doigté 4+2 ou 5+2, ce “demi-cercle” devra plutôt avoir la forme de la lettre U.
c)Les doigts doivent être étirés dans une certaine mesure, sans être évidemment totalement rigides. On prépare leurs extrémités pour “saisir les touches” (cf. p. 6.2), donc on les aplatit suffisamment. Ils doivent être “vigilants”, comme des antennes d'insectes ou les moustaches d'un chat, afin d'être capables de ressentir par le toucher la position optimale sur la surface de la touche.
2.4.2 - Synchronisation des doigts avec le poignet
Une fois la main préparée, nous réalisons un mouvement projectif* en partant du poignet. Je rappelle que ce mouvement trouve son origine dans l'épaule (cf. p. 8.4), mais ici j'en parle d'une manière simplifiée, afin de porter toute l'attention sur ce qu'il faut observer et contrôler au cours du jeu.
ATTENTION! Je rappelle aussi que nous n'effectuons qu'une seule projection du poignet pour toute la série. Dans le cas contraire, les répétitions deviendraient trop lourdes.
*Le chapitre intitulé „Mouvements projectifs” n'est encore qu'en cours de préparation - en attendant, référez-vous au Mouvement de fouet.
a)Juste avant de commencer les répétitions:
Le poignet, dans un premier temps dans la position de départ (c'est-à-dire un peu en dessous du métacarpe) effectue un saut rapide et retombe immédiatement pour revenir à la même position initiale.
Au cours de ce saut du poignet, les doigts glissent très légèrement sur la surface de la touche en cherchant (c'est-à-dire en ressentant par le toucher) la position optimale pour débuter les répétitions. Ils peuvent glisser réellement, sur une longueur très limitée de la touche, ou bien juste virtuellement - en accrochant délicatement la surface du clavier.
b)Durant la réalisation des répétitions:
Le poignet, de nouveau positionné assez bas, a tendance à être tiré comme par un ressort vers le haut.
Les doigts: le moment où le premier intervalle est joué (avec les doigts assez plats, je le rappelle) peut être comparé au moment du rebondissement d'un sauteur à ski lorsque celui-ci arrive au bout du sautoir - s'il est bien choisi, s'il est accompagné d'une force adéquate de flexion du doigt et si l'extrémité de ce dernier est placée sous un angle correct par rapport à la surface de la touche, la série de répétitions “se joue toute seule”, presque sans notre implication. Lorsque le second et le troisième intervalle arrive, les doigts “s'arrondissent” de plus en plus - c'est bien visible dans la partie ralentie de la vidéo (à partir de 0:22).
ATTENTION à deux détails extrêmement importants liés au travail des doigts:
c)Lors de la réalisation des répétitions, il faut veiller à ne pas permettre à la touche de se soulever complètement. Si jamais le marteau retombe trop bas par rapport à la corde (cf. p. 3.4), son inertie rendra les répétitions trop lentes et trop fortes - on l'entend bien dans beaucoup d'exemples d'enregistrements (cf. p. 4 ci-dessous).
d)Il faut s'imaginer en permanence que le piano produit un son lorsque nous faisons un mouvement vers le haut - un peu comme si “le clavier était chargé d'électricité” (Roth/Sielużycki) et le doigt ressentait une décharge au moment où il atteint le fond de la touche.
e)Bien évidemment, il ne faut pas oublier de faire ressortir les notes supérieures des intervalles - cela concerne surtout les tierces (mes. 175 et 177), situées au premier plan.
f)Le poignet se soulève sur le dernier intervalle répété.
Inutile de rappeler que tout ce qui est décrit ici se produit simultanément et dure des fractions de seconde - la durée de la contraction musculaire se situe dans la fourchette allant de 1/10 à 1/100 de seconde, quant à la durée d'une double-croche pour un tempo =140, elle représente un peu plus de 1/10 de seconde (0,107 s pour être précis).
2.5 - Les sauts de la main gauche (MG):
Après avoir maîtrisé les répétitions isolées, il convient de les inclure dans un extrait plus étendu. Une anticipation insuffisante du saut de la MG au début de la mesure 175 peut constituer un obstacle à leur exécution correcte.
a)Ce qui simplifie un peu la situation c'est le fait que ce saut remplace le bond du poignet décrit plus haut. Néanmoins, il doit être réalisé beaucoup plus vite que la durée d'une croche, afin que les doigts aient le temps de se poser sur les touches adéquates avant le début des répétitions.
b)Jouée dans des registres bas, la mesure 174 provoque une légère inclinaison du torse vers la gauche. Il ne faut pas trop se pencher, car, en vue du saut arrivant dans la mesure 175, il faut déjà ramener le torse vers la droite au milieu de la mesure 174, afin que celui-ci soit situé à la verticale, c'est-à-dire à sa position optimale, lors du saut.
c)Alors que le torse penche vers la droite, l'épaule gauche, qui se soulève légèrement, doit tendre le bras (en tirant le coude vers le corps), comme le fait la corde d'un arc juste avant le tir d'une flèche - de manière à ce qu'au moment de jouer la première croche de la mesure 175 le coude tire le bras à droite le plus rapidement possible.
d)Le déplacement du torse vers la droite, décrit plus haut, rend moins aisé le jeu de l'octave si-si de la MD - la solution à ce problème se trouve ci-dessous, dans la description des exercices.
e)A la fin de la mesure 177 se trouve un second saut de la MG, dans la direction opposée, que nous réalisons de la même manière, c'est-à-dire en inclinant le torse vers la gauche. Toutefois, ici le risque est moindre, car il n'y a pas de répétition après ce saut.
2.6 - Exercices
Il faut s'entraîner avant tout au staccato (MG et MD) qui devra se transformer en poco legato au fur et à mesure que le tempo augmente. Des exercices plus classiques réalisés à différents rythmes peuvent eux aussi donner de bons résultats.
Pendant que vous regardez la vidéo (à partir de 0:39), veuillez noter que même à une vitesse faible les répétitions sont jouées plus rapidement par rapport au tempo choisi pour l'exercice. Il y a deux raisons pour cela:
une raison interprétative - déjà décrite dans le point 2.3,
et une raison technique - découlant du caractère projectif du mouvement de base des répétitions. Une projection (quelle qu'elle soit, pas forcément liée au piano) doit être effectuée à une vitesse suffisante, ou alors elle cesse d'en être une.
Cliquez sur la partition ci-contre pour afficher tous les exercices.
Ex.1Mesure 175: le saut de la MG peut être exercé en augmentant progressivement la distance du déplacement de la main.
Ex.2Mesure 175: jouer la première double-croche de la MD avec un staccato plus court que les autres notes (marqué dans ma partition en rouge) a un double avantage: cela facilite à la MD le franchissement de l'octave, qui se fait dans une position inconfortable, et, le plus important, cela stimule le rebond du poignet gauche, déjà abordé ici, car dans ce cas les deux poignets effectuent simultanément un mouvement identique. Lorsque le tempo est rapide, le staccato reste de toute façon inaudible, mais le mouvement correct, lui, sera bien assimilé. Cette technique pourra également être utile dans d'autres mesures contenant des répétitions de la MG. A un tempo modéré, il est possible de s'exercer aux trois premières double-croches de la MD de ces mesures à travers un système de type staccato ► liaison ► staccato. Une petite liaison entre la seconde et la troisième double-croche aide à bien synchroniser les mains.
Ex.3Pour travailler les répétitions de la mesure 175 et similaires il est possible dans un premier temps de jouer de la MG seulement une note à la fois (vidéo à partir de 0:33). Neuhaus proposait une manière semblable pour travailler les octaves. Je rappelle par ailleurs que la vibration musculaire n'est pas la cause, mais la conséquence d'une bonne coordination des mouvements et des contractions musculaires. Il ne faut donc pas l'induire d'une manière artificielle, mais la considérer comme une épreuve (cf. p. 8.4.2).
Ex.4Bien évidemment, il convient de s'exercer par la suite aux répétitions des intervalles.
2.7 - Conclusion
La structure complexe de ce passage ne devrait en aucun cas perturber la régularité du rythme. Le caractère agitato, à peine perceptible, bien que non indiqué par le compositeur, provoque une augmentation de tempo involontaire au moment de jouer les répétitions (cet effet est présent sur dix des enregistrements parmi les trente que je possède). Conscients de ce réflexe naturel, nous pouvons utiliser la méthode du professeur Woytowicz qui consiste à ralentir légèrement dans les passages les plus difficiles. Résultat, en évitant une accélération incontrôlée vous jouerez ces répétitions tout simplement avec le même tempo que le reste de l'œuvre, tout en bénéficiant de plus de facilité et de sérénité.
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3. Une erreur de texte peu connue (mesure 173)
 ATTENTION!  Utilisez uniquement des partitions publiées par des éditeurs renommés, car corriger d'éventuelles erreurs de texte apprises par cœur
est une tâche très fastidieuse (et encore si vous arrivez à les déceler!).


Alors que je préparais des exemples d'enregistrements pour ce chapitre, j'ai remarqué la chose suivante: R. Blechacz* joue au début de la mesure 173 de la MD une noire si bémol - version dans la partition ci-contre et J-Y. Thibaudet une noire do - version Certains interprètes moins précis brouillent tout simplement cet endroit avec pédale, quant aux autres, ils ne jouent que les double-croches - mystère...
*Je ne peux pas publier ici certains enregistrements en raison des droits d'auteur.
J'ai remarqué également que si l'on prend en compte la version de Thibaudet, les doubles croches de la mesure 173 deviennent une transposition d'un demi-ton de la mesure précédente (version de l'exemple ci-dessous).
Pour résoudre ce mystère, j'ai contacté le Centre de documentation Claude Debussy, qui m'a mis en relation avec le rédacteur de l'urtext, Roy Howat. Ce dernier a confirmé ma supposition en ajoutant que le manuscrit ne comportait aucune noire dans cette mesure!
D'une manière générale, la mesure 173 a toujours été victime de malchance: dans les éditions du début du 20ème siècle, l'avant dernière double croche de la MD a été imprimée en tant que ré (version ci-dessous). En 1926, les éditions Jobert ont transformé cette note en ré bémol, probablement après avoir reçu de la part d'Emma Debussy, veuve du compositeur, un exemplaire corrigé par l'auteur. Néanmoins, cela reste toujours seulement une supposition, c'est pourquoi Roy Howat marque cette note d'un bémol entre parenthèses.
Voilà à quoi ressemblent les deux versions:
version ancienne, avec deux erreurs
version originale, basée sur le manuscrit, telle qu'elle figure dans la version la plus récente des Éditions Durand, sous la rédaction de Roy Howat (les couleurs ont été rajoutées par moi!)
L'édition corrigée des Œuvres complètes de Debussy
est facilement disponible par exemple sur Amazon.
N.B. Les nuances d'origine de Debussy (mes. 172 mp et mes. 173 pp) confirment l'idée selon laquelle il cherchait à obtenir un “effet d'écho” dans la mesure 173, c'est-à-dire une imitation de la mesure précédente.
Ces deux erreurs se retrouvent encore de nos jours dans de nombreuses éditions. Pire, Roy Howat m'a signalé que des éditions récentes “bas de gamme” ont non seulement repris ces deux erreurs, mais en ont rajouté de nouvelles. Sans commentaire...
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4. Comparaison des 20 enregistrements de cet extrait (mesures 170-190)
Dans le lecteur audio, les enregistrements de ce passage ont été rangés selon le tempo moyen par noire (=durée/42 pulsations). Ce tempo a été indiqué entre parenthèses après chaque nom de l'interprète. Durée totale: 5:41.
OUVRIR LE LECTEUR AUDIO
Voici à présent quelques commentaires - tout d'abord au sujet des tempi extrêmaux (les nombres qui suivent les noms des interprètes désignent le numéro de l'enregistrement dans le lecteur):
C'est Francois-Joël Thiollier01 qui a le temps de jeu le plus long. Cela ne signifie pas pour autant qu'il joue lentement, mais qu'il réalise tout simplement de nombreux... rubati répétés d'une façon assez monotone dans les phrases successives. Tout compte fait, c'est une conception plutôt intéressante, mais qui ne respecte pas le caractère moteur d'une toccata.
Celui qui joue le plus rapidement c'est Michel Béroff20. Jusqu'à la mesure 181, c'est l'une des meilleures et des plus brillantes interprétations. Les répétitions des tierces des mesures 175 et 177 sont réalisées avec précision et à un tempo très élevé. Par contre, Béroff joue toutes les répétitions de quintes (bien que nettement plus faciles!) trop lourdement et trop lentement, ce qui gâche les excellentes premières impressions.
Les tierces dans l'enregistrement de Rafał Blechacz* sont, quant à elles, presque aussi bonnes que celles de Béroff et les irrégularités du rythme dans les mesures suivantes sont beaucoup plus faibles. On remarquera par ailleurs une tendance qui revient à de nombreuses reprises - les interprètes se mobilisent avant la plus grande difficulté, puis ils manquent de concentration pour continuer à jouer tout aussi bien la suite de l'œuvre.
Aldo Ciccolini02 , quant à lui, joue à un tempo raisonnable et ajusté tout au long de l'œuvre. Malheureusement, lors de toutes les répétitions de la MG, il accélère brutalement, ce qui produit de grandes imprécisions.
L'un des enregistrements de la Toccata que j'apprécie le plus est celui d'Alain Planès05, très subtilement nuancé et interprété à un tempo ajusté.
*Je ne peux pas publier ici certains enregistrements en raison des droits d'auteur.
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Copyright © 2012, Aleksander Woronicki
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